La théorie de la tartine

C'est quoi le pitch? En 2006, Marianne apprend qu'une sextape d'elle avec son ex petit ami est accessible sur YouPorn. Christophe, journaliste sur le site Vox, entend écrire un article sur cette histoire alors que Paul, hacker, tend à faire disparaître cette vidéo. Une amitié improbable naît entre ces trois personnes qui croient toutes en l'avenir d'Internet et de son impact sur la vie des gens. Neuf ans plus tard, leurs idéaux sont-ils toujours les mêmes? Que sont-ils devenus?

Mon avis : Si vous avez lu mon premier article sur l'un des ouvrages de Titiou Lecoq ("Sans télé, on ressent davantage le froid") plutôt dithyrambique, vous ne serez pas surpris d'apprendre que j'ai également aimé "La théorie de la tartine", roman d'actualité sur le pouvoir d'Internet. A faire froid dans le dos, à en croire ce roman, puisque sur Internet, la moindre de nos recherches serait tracée, répertoriée, archivée. Et nous desservirait. Marianne, depuis le début, est la victime malheureuse des aléas du Web. Une fois qu'une sextape est diffusée, difficile, voire impossible de la supprimer. Et des années plus tard, alors que sa fille s'est cassé le bras, elle apprend qu'elle n'a plus de mutuelle. Jugée comme personne à risques. Après moult recherches, Marianne nous emmène dans l'univers du big data car, si elle a peu utilisé sa mutuelle, sa mutuelle a dû savoir que Doctissimo était son site de référence et qu'elle avait une tendance à s'inquiéter pour le moindre symptôme, et donc de consulter pour tout un tas de questions minimes du quotidien.

Je me suis interrogée sur ce titre, la théorie de la tartine, et après quelques recherches (n'est pas scientifique qui veut), je suis tombée sur la théorie de la tartine beurrée ou loi de Murphy, qui veut que "tout ce qui est susceptible de mal tourner, tournera nécessairement mal". Ou comment être d'un pessimiste, en se disant qu'on porte la poisse parce que, quoi qu'il arrive, la tartine tombera toujours du côté où nous l'avons beurré. Après, on interprète cette loi à notre sauce, mais le concept me parle assez. J'ai plutôt tendance à me décrire de nature réaliste, et le réalisme, aujourd'hui, est assez proche du pessimisme (vous pouvez contester, mais franchement, je trouve que nous vivons dans une jungle, un monde toxique où le bonheur, s'il existe, n'est qu'utopique). Marianne galère du début à la fin, tout comme ses comparses Paul et Christophe. Toute cette histoire leur a permis de nouer une amitié sincère, de partager leur vision du monde, mais au final, en dix ans, ont-il évolué? Que leur a apporté leur amitié?

Je vous laisse le découvrir, et je poursuis la biblio de Titiou, parce que le ton est juste, parfois corrosif, ou ironique, et que sa plume est un bonheur à lire.

  • La théorie de la tartine, Titiou Lecoq, éditions Au diable Vauvert
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