C'est quoi le pitch? Vincent Machot a la trentaine, tient son propre salon de coiffure et a une petite amie partie sur Paris, alors que lui envisage sa vie en province. Sinon... une vie désespérément plate. Bien sûr, il y a sa mère qui vit juste en-dessous, et dont il doit s'occuper. La pauvre femme, veuve, s'invente des histoires pour passer ses journées. Et il y a aussi son cousin Laurent, un peu spécial. Et enfin, cette Rosalie Blum qu'il croise par hasard dans une épicerie et qui lui rappelle quelqu'un. Oui, mais qui, quand? Elle devient peu à peu une obsession qu'il épie au moindre temps libre. 

3 raisons de lire ce livre : 

Un graphisme soigné et épuré. Cette BD se lit rapidement car le style est efficace sans être dénué de rythme, malgré le peu de vie des personnages. 

Des personnages tendrement givrés. Vincent n'a pas un physique très tape-à-l'oeil. Grand et dégingandé, il sait pourtant se faire invisible. Il a peu de relations sociales (dans son salon de coiffure, il se contente de discuter du sujet du jour avec les clients, comme par exemple la météo), est encore trop proche de sa mère et se contente de son petit confort. Le risque, très peu pour lui. Rosalie met un peu de piquant dans sa vie. Il ne sait pas pourquoi il décide de la suivre, tantôt au cinéma, tantôt dans un bar. De faire des choses pourtant très simples qu'il ne faisait pas ou plus. Suivre quelqu'un semble un brin pervers, pourtant on s'attache à Vincent, à cette simplicité qui émane de lui. Ce qu'on veut comprendre, c'est pourquoi il agit ainsi. Sa mère n'est pas en reste : elle écoute les faits divers à la radio ou à la télé et les reproduit avec ses poupées, en se donnant le beau rôle. Car sa vie manque d'action, elle se crée un petit univers où elle est l'héroïne. Nous sommes tous un peu comme elle : de doux rêveurs. 

Parce qu'il s'agit du quotidien. Comme Vincent, on aimerait que notre vie change, prenne un tournant, un virage à 180°. Oui, parfois, on voudrait tout quitter pour changer de vie. Mais nous sommes prisonniers de notre routine, et nous nous rendons compte très vite des limites de notre rêve. Nous vivons tous à des rythmes différents, et quand cela devient trop pesant parce qu'il ne se passe rien, on s'invente une vie. On prend des risques. Comme Vincent. Pour autant, je ne pense pas que ces gens soient dépressifs. Ils sont simplement malheureux, prisonniers d'un cocon qui les empoisonne jour après jour, et dont ils n'arrivent pas à sortir. Alors, oui, si vous voulez, on s'approche de la dépression. L'arrivée de Rosalie dans leur vie est-elle la clé qui les sortira de leur morne quotidien? Réponse à suivre dans le tome 2... 

 

  • Rosalie Blum, Une impression de déjà-vu (tome 1), Camille Jourdy, éditions Actes Sud BD
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