Dans la peau d'une djihadiste

C'est quoi le pitch? Anna, journaliste française, s'intéresse beaucoup aux jeunes qui quittent tout pour faire le djihad et tomber dans le radicalisme. Elle cherche à comprendre ce qui peut les pousser à couper les ponts avec leur famille, et décider de changer de vie, et de mode de vie. Elle enquête sur ces milieux islamistes qui recrutent de nombreuses personnes susceptibles de servir leur cause. Sur Facebook, elle a de nombreux contacts. Elle se fait passer pour Mélodie, une jeune femme musulmane à la recherche du grand amour. Un jour, elle entre en contact avec un membre de Daesh, ou l'Etat Islamique. Abou Bilel et Anna discutent d'abord sur Facebook, puis sur Skype. Pour obtenir des informations sur le groupe islamique, elle est prête à jouer le jeu. A ses risques et périls.

Mon avis : Ceci est un témoignage réel sur la menace islamiste qui existe bel et bien. Aujourd'hui, cette journaliste a été placée sous surveillance, sa tête étant mise à prix. Comme elle, j'ai beaucoup de mal à comprendre ces jeunes qui partent faire le djihad, se font bourrer le crâne, reviennent dans leur pays pour se faire sauter ou déclencher une mutinerie. La menace est d'autant plus palpable cette année, depuis l'attentat à Charlie Hebdo et, plus récemment, à bord du Thalys. On ne se sent en sécurité nulle part, on doute de tout et de tout le monde. Ces attaques réveillent en nous une paranoïa, qui devient difficile à refréner. Je me souviendrais longtemps de cette journée du 9 janvier 2015, de mon ressenti, devant ma télévision. Plongée dans l'anxiété, me demandant quand tout ceci allait prendre fin. Nous vivons dans la terreur, où que nous soyons. Je ne veux pas sombrer dans le pessimisme, mais parfois, la réalité est effrayante. Prenons conscience de cette réalité. N'en faisons pas une obsession.

Anna s'est retrouvée prise au piège de son propre jeu. Son témoignage est, certes, important, mais quand on voit à quoi elle doit renoncer maintenant, on se demande si tout ceci en valait bien la chandelle. Abou Bilel est peut-être encore en vie. Vivre avec cette épée de Damoclès au-dessus de sa tête a de quoi rendre parano.

Ce témoignage soulève de nombreuses questions : au sujet des réseaux sociaux (faut-il les surveiller, censurer...?), de Daesh (la hiérarchie du groupe...), la profession de journaliste (ceux qui l'exercent prennent trop souvent des risques inconsidérés).

  • Dans la peau d'une djihadiste, Anna Erelle, éditions Robert Laffont.
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