C'est quoi le pitch? Fin des années 60, en Italie. L'amitié entre Lila et Elena devient moins forte et prononcée. Elena, fiancée à un universitaire, est en pleins préparatifs de son mariage, et doit faire face au succès contesté de son premier roman. Lila, qui avait quitté son mari, emmenant avec elle son fils Gennaro, vit avec Enzo, avec lequel elle se forme à l'informatique, pour se sortir d'un boulot aux conditions difficiles, dans une usine de salaisons. Le destin des deux jeunes femmes reste lié mais chacune trace son chemin, grandit, s'épanouit, fait sa vie dans une Italie en proie à la contestation. 

3 raisons de lire ce livre : 

Un tome plus politique... Forcément, nos deux femmes ont bien grandi depuis le premier tome, ont fait de belles rencontres, et se posent des questions sur leurs conditions. Lila, par exemple, a rétrogradé en travaillant dans une usine ragoûtante aux conditions de travail exécrables. Une situation intolérable qu'elle finira par dénoncer, avec l'aide d'Elena. Cette dernière, prise dans la tourmente de son roman, n'aura de cesse de s'acharner dans son apprentissage du monde. Nino, son amoureux d'enfance, semble avoir tellement de connaissances qu'elle n'a pas, qu'elle veut pouvoir être capable d'en débattre avec lui. Être à sa hauteur. Ne pas le décevoir. Tout comme elle n'a eu de cesse pendant des années de se mesurer à l'intelligence de Lila, pour qui tout paraît facile à mémoriser et analyser... 

... Et historique. Politique et histoire sont, par essence, intrinsèquement mêlées. Partout, c'est la contestation en Europe : au travail, dans les universités... Même la littérature fait sa révolution : le livre publié par Elena contient quelques passages olé-olé qu'une jeune femme pas encore mariée ne devrait connaître. Oui, parce qu'à cette époque encore très traditionaliste, il ne fait pas bon d'avoir des relations sexuelles avant le mariage, ni de parler divorce. En cela, Lila et Elena remettent totalement en cause le schéma familial dans lequel elles ont grandi. A quelques jours du cinquantenaire de Mai 68, on voit à quel point cette contestation a bouleversé les mœurs.

Verdict : Un volet trop axé "histoire et politique" ou, au contraire, plutôt social? On retrouve avec grand plaisir les vies d'Elena et Lila, cette amitié "je t'aime moi non plus" assez particulière. Il faut préciser que ça ne fait pas très longtemps que j'ai quitté le tome 2. J'avais hâte de connaître la suite, et je peux d'ores et déjà vous dire que le dernier tome m'attend. Bref. Dans ce tome 3, Elena et Lila s'éloignent pour mener leur barque, et aussi parce qu'Elena veut se détacher de l'emprise de Lila. Elle qui pensait avoir gagné la bataille et pris le dessus sur son amie d'enfance en réussissant brillamment ses études et en ayant publié un livre replonge peu à peu dans un autodénigrement, exécrant cette vie de femme au foyer. Surtout quand Lila retrouve un travail très bien payé dans l'informatique. Oui, ce tome est situé dans un contexte historique et politique mouvementé, mais nous avons aussi un aperçu de la société italienne des années 60. Contestataire, mais encore très marquée par les traditions : se marier, de préférence jeune, avoir des enfants aussitôt après, et tenir le foyer ... Un cercle vicieux dans lequel tourne Elena et dont elle souhaite sortir. Peut-être grâce à son coup de coeur d'enfance à qui elle cherche toujours autant à plaire, Nino Sarratore... 

La magie opère toujours dans ce troisième volet, à tel point que je ne tarderais pas à me précipiter sur le quatrième et dernier tome de la saga. Elena Ferrante raconte d'une si belle façon cette amitié tumultueuse que l'on ne peut plus quitter ce livre dès le moment où on le commence. Si vous n'avez pas encore plongé dans cette série, je vous la recommande vivement ! Déjà un grand classique de la littérature italienne. 

  • L'amie prodigieuse (tome 3), Celle qui fuit et celle qui reste, éditions Gallimard (2017)
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