C'est quoi le pitch? A Rio, Euridice vient d'épouser Antenor, à qui elle donne deux enfants. Femme au foyer, son mari refuse de la voir travailler. Pourtant, elle ne manque pas d'exceller dans divers domaines pour tuer le temps, et veut montrer à son mari de quoi elle est capable. Sauf que chacun des efforts d'Euridice n'est pas récompensé, et elle est rabaissée à sa condition de maman au foyer... 

Mon avis : 

Premier roman d'une auteure brésilienne, il aborde la question de la condition féminine dans les années 1950-60. Deux petits bémols avant de souligner, malgré tout, du potentiel : la traduction du titre et l'objectif flou de l'intrigue. 

Habituellement, je ne regarde pas le titre original, mais plus je lisais cette histoire, qui ne parle pas seulement d'Euridice mais aussi de sa sœur et de quelques personnages gravitant autour d'elles, plus je me demandais où j'allais puisqu'à un moment on ne parle plus que de Guida, la grande sœur d'Euridice, et moins de tous ses talents que nous promettait le titre. En version  portugaise (Brésil), on l'aurait plutôt traduit comme "La vie invisible d'Euridice Gusmão". On se rapproche un peu du contenu du roman, car effectivement Euridice a beau se démener à cuisiner, coudre ou écrire, rien n'y fait aux yeux de son mari qui est là pour lui rappeler qu'elle est sa place et qu'il attend d'elle : qu'elle soit une bonne femme au foyer. Sauf qu'il ne raffole que d'un même plat, ne la laisse pas faire le ménage puisqu'une femme vient chaque jour s'en occuper. Euridice se sent réduite à ce rôle sans possibilité d'en sortir, et accepte que son mari ait raison. De nos jours, je pense que les mœurs ont beaucoup évolué, du moins dans notre pays, mais pensons que dans d'autres Etats, la femme est encore trop sous-estimée, rabaissée à un rôle purement domestique. En fait, ce roman suit Euridice mais pas seulement, d'où ce décalage entre le titre et l'intrigue. Euridice mène une vie simple et insipide, jusqu'à disparaître petit à petit aux yeux du monde. 

Pourtant, j'ai beaucoup aimé cette histoire, racontée avec un poil d'ironie par moments. Je crois que c'est le premier livre brésilien que je lis. La couverture, toutes ces couleurs chatoyantes et cet oiseau qui semble libre sur sa branche, invitent à s'en emparer et à y découvrir son contenu. Allez-y ! Vous sourirez devant ces moeurs qui, je l'espère pour nous toutes en France, appartient à un autre temps ! 

  • Les mille talents d'Euridice Gusmão, Martha Batalha, éditions Denoël (2017)
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