Paris est une fête

C'est quoi le pitch? Dans le Paris des années 20, le jeune Ernest Hemingway, journaliste désargenté peinant à vivre décemment avec sa femme Hadley, nous raconte quelques fragments de la vie qu'il menait, de ses rencontres, notamment Francis Scott Fitzgerald

3 raisons de lire ce livre:

Une oeuvre classique indémodable. Revenu au goût du jour suite aux malheureux attentats de Paris, ce roman posthume se lit très facilement. Hemingway nous décrit les quartiers et bars qu'il fréquentait alors, car c'est ce qui fait tout le charme de Paris. Du monde sur les terrasses, des amis qui se donnent rendez-vous pour un bon moment... C'est le mode de vie parisien. Celui que nous reproche l'Etat islamique. Ce roman s'inscrit encore dans une certaine modernité, en soulignant que c'est dans les bars et restaurants qu'on se retrouve, qu'on s'amuse, qu'on partage.

Je dois tout de même nuancer mon propos. Car Paris est une fête surtout dans le titre; à la fin, il est dit que ce livre, il l'a écrit pour sa femme Hadley (Pauline, sa prochaine compagne, n'est mentionnée qu'en pointillés, tous les souvenirs d'Hemingway ne concernant que la période passée avec Hadley). Des passages entiers ne se déroulent pas dans la capitale, car il arrivait à Hemingway d'aller skier à l'étranger, ou bien de prendre le train pour rejoindre Fitzgerald à Lyon. Même si j'ai pris du plaisir à le lire, je ne vous cache pas une petite déception. Je m'attendais peut-être à une histoire du style Gatsby le magnifique, où Hemingway se perdrait dans des descriptions de soirées tourbillonnantes et fortement alcoolisées. Ce n'est pas le cas. En revanche, j'ai compris le message suivant : tout le monde est le bienvenu à Paris, car lui, américain, avait ses petites habitudes et une vie simple, sans trop de chichis. La Closerie des Lilas était son refuge, la librairie de Sylvia Beach où il faisait le plein de littérature américaine aussi.

Un roman léger fragmenté - une réalité ou une fiction? Dès le départ, nous sommes prévenus : cette oeuvre a été retrouvée après la mort d'Hemingway et est donc inachevée. Il n'a pas eu le dernier mot sur l'ordre à donner aux chapitres, ni sur ce qui devait être publié. Nous avons donc un résultat assez disparate, surtout sur la fin, car sa famille a préféré que tout soit retranscrit, et parfois répétitif. C'est peut-être l'une des meilleures parties du roman, car il y a tout un questionnement autour du roman vrai (mes dernières lectures ont beaucoup tourné autour de cette problématique). Doit-on raconter la réalité, ou doit-on l'enjoliver, la remanier parce qu'elle ne nous paraît pas suffisamment réelle? Hemingway doit le répéter près de 10 fois, ceci est une "oeuvre d'imagination" de bout en bout. Pourtant, Hadley a existé, et il a rencontré Francis Scott Fitzgerald, Ezra Pound...

Pour enrichir son répertoire de citations. Les phrases qui m'ont marquées, et qu'Hemingway note plusieurs fois : " Peut-être est-il plus facile, tout compte fait, de se casser une jambe que de se briser le cœur, même si l'on dit que tout se casse aujourd'hui et que beaucoup sortent plus forts de ces fractures"

Et pour finir, la fin des fragments, qui, à mon sens, résume clairement Paris, pour tous ceux qui l'ont visitée, ou y ont vécu :

"Il n'y a jamais de fin à Paris et le souvenir qu'en gardent tous ceux qui y ont vécu diffère d'une personne à l'autre. Nous y sommes toujours revenus, et peu importait qui nous étions, chaque fois, ni comment il avait changé, ni avec quelles difficultés - ou quelle facilité - nous pouvions nous y rendre. Paris valait toujours le déplacement, et on recevait toujours quelque chose en retour de ce qu'on lui donnait"

Pour résumer, Fluctuat nec mergitur.

  • Paris est une fête, Ernest Hemingway, Editions Folio

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