C'est quoi le pitch? Louise est embauchée comme nounou par Myriam et Paul, parents de deux enfants, Mila et Adam. Efficace et disponible, elle fait le travail sans rechigner, et s'installe, progressivement, au sein de cette famille. Jusqu'au jour du drame, incompréhensible. 

3 raisons de lire ce livre :

Parce qu'il mérite le Goncourt. Vous serez embarqué dès les premières pages, à la fois brutes et résumées, sans entrer dans le détail de l'horreur qui vient de se jouer dans cet appartement parisien. Puis, nous remontons en arrière, le jour où Louise a commencé à travailler pour cette famille. Tout est raconté de façon incroyablement juste, sans que le lecteur ne tombe dans un malaise. Bien sûr, on est touché par la solitude de Louise, qui ne vit que pour son travail (à un moment donné, elle souhaite même très fort que Myriam et Paul aient un troisième enfant, de peur de trouver les journées encore plus longues une fois qu'Adam ira à l'école). Leïla Slimani ne prend jamais parti pour un de ses personnages; elle a choisi, plutôt, d'en relever les failles, pour n'accuser personne, mais tout le monde. Chacun est plus ou moins responsable de ses actes. On ignore comment telle personne peut réagir. Pour Louise, le passage à l'acte sera irréversible. 

Même si c'est une histoire dramatique, elle est remarquablement racontée. Je crois que ce qui a touché le jury du Goncourt de cette année, c'est la façon dont la narration est menée. Il y a une certaine poésie qui émane des mots employés par Slimani, un côté franc pour décrire la situation, sans pour autant en faire des tonnes. Ce qui est un peu paradoxal, me direz-vous, mais la légèreté des mots prend peu à peu le dessus. D'où ce titre, car ce livre nous berce et a bercé les parents, qui n'ont pas vu venir cette fin fatale. Ils n'ont jamais su qui était vraiment Louise, cette femme qui s'occupait de ce qu'ils avaient de plus cher au monde. Le seul regret que je pourrais avoir, la lecture achevée, c'est que ce livre ne fasse pas quelques pages de plus. Certaines choses auraient méritées d'être approfondies. Comme après le drame. A vous d'imaginer comment vivre avec. Ou sans eux. 

Un roman qui soulève un débat sur le monde tel qu'il est devenu. Il y a 50 ans, vos parents diraient qu'à leur époque, ça ne passait pas comme ça. La femme restait au foyer pour éduquer les enfants et tenir la maison. La société a évolué, depuis. A peine ont-elles accouché que les femmes reprennent le travail, ne se sentant pas de rester confinées à la maison. Elles ont besoin de reprendre une activité, de voir du monde. C'est ici le cas de Myriam : lorsque sa fille Mila est née, elle s'en est occupée exclusivement. Mais, à la naissance d'Adam, elle a ressenti la nécessité de travailler, elle qui avait fait des études pour être avocate. Alors avec son mari, ils décident de confier les enfants à une nounou. Pour autant, sont-ils pétri d'ambition au point de négliger leur vie de famille? Concilier les deux est-il possible, ou cela demande-t-il des sacrifices? Peut-être qu'après avoir lu ce roman, vous ne regarderez plus la nounou de la même façon. A voir aussi, dans le genre nounou psychopathe, l'excellent film "La main sur le berceau" avec Rebecca de Mornay? 

  • Chanson douce, Leïla Slimani, éditions Gallimard. 
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