Tintin au Congo
Tintin au Congo

Bon. Je commence fort avec Tintin, mais malgré toutes les critiques, bonnes et moins bonnes, que l'on peut faire sur ce tome qui suscite de nombreuses polémiques, Tintin au Congo est un incontournable qu'il faut avoir lu au moins une fois dans sa vie.

La première question : à quel âge?

Je lis énormément depuis toute petite, j'ai lu des Tintin, comme bon nombre d'enfants. A 26 ans passés, je me suis dit : "pourquoi ne pas redécouvrir Tintin, ce journaliste qui vit des tas d'aventures et de mésaventures, avec son fidèle Milou, luttant contre les crimes et les injustices de ce monde"?J'ai été quelque peu affligée par cette BD.

Certes, ça date (première publication en 1931), mais il faut penser à tous ces enfants qui lisent encore Tintin de nos jours. Tintin tue un éléphant pour ses défenses, il fait acte de braconnage, tue un singe pour lui retirer sa peau et s'en faire un costume, est vu comme un saint auprès du peuple congolais qui se prosterne devant lui... Cette BD est-elle encore d'actualité? Je l'ai trouvé très pro-colonialiste, pour le coup.

On met à disposition des livres de Tintin pour des enfants à partir de 7-8 ans; eux ne voient pas toutes ces références... Peut-être suis-je un brin trop sensible quant au message véhiculé dans cette histoire... Je travaille dans une bibliothèque, les retours de lecteurs sont récurrents, les parents soucieux de ce que lisent leurs progénitures...

Il y a quelques années, la question de censurer ou pas Tintin au Congo, de l'interdire à la vente, s'était posée, à cause de propos jugés racistes. Je ne pousserais pas le bouchon jusque-là, parce que je n'ai détecté aucun racisme de la part d'Hergé. Je trouve seulement quelques détails un peu gros. Oui, à l'époque, il y avait encore beaucoup de colonies, mais il faut remettre dans son contexte toute cette histoire. Données que les enfants n'ont pas. Que pense un enfant quand il voit Tintin faire la chasse au léopard, à l'éléphant, au rhinocéros (qui meurt dynamité, quand même?).

L'autre point que j'aimerais soulever, c'est le manque de réalisme de certaines scènes, un peu abracadabrantes. Aurais-je à ce point perdu mon âme d'enfant pour que je sois aussi dure? J'ai bien aimé le caoutchouc qui coule et que Tintin utilise comme lance-pierre, mais moins, par exemple, les pattes de Milou qui, mangé par un serpent, apparaissent sous le corps du reptile, comme si le chien avait réussi à y percer des trous.

Malgré tout, Tintin au Congo regorge de références, bibliques notamment (le chapeau coupé en 2, comme Martin qui coupa son manteau en 2: Milou qui terrasse un buffle, référence à David et Goliath), et même si certaines séquences peuvent sembler, aujourd'hui, complètement anachroniques, voire inadmissibles, je crois qu'il faut se dire que ça reste un livre, une fiction.

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