C'est quoi le pitch? Michka souffre d'aphasie; elle perd peu à peu ses mots, les confond avec d'autres... Elle est placée en maison de retraite, ne pouvant plus vivre seule. Lui rendent visite Marie, une jeune femme qu'elle a beaucoup aidé, et un orthophoniste, Jérôme. 

Mon avis : 

Delphine de Vigan sait nous prendre par les sentiments et a voulu, à travers ce roman, dire merci. Combien de fois dit-on ce mot simple, par politesse, habitude? Et avec sincérité, en le pensant vraiment? Ce mot a une telle valeur qu'on a tendance à l'oublier, l'utilisant à l'excès. Michka Seld est consciente de ce qui lui arrive, de ces mots qu'elle perd, qui s'égarent, elle qui travaillait comme correctrice dans un magazine. Sa dernière volonté, en quelque sorte, était de remercier ce couple qui s'était occupé d'elle pendant la guerre 39-45 alors qu'elle était juive. 

C'est une belle histoire, très triste, qui m'a plombée plus que je ne l'aurais imaginé, car nous voyons, impuissants, le déclin de Michka, qui bute sur les mots, sans pour autant perdre l'esprit. Il n'y a que dans ses rêves, un peu cauchemardesques puisqu'elle a le sentiment que la directrice de l'EHPAD, transformée alors en femme autoritaire, mettra à jour son imposture. En effet, dans ses songes, Michka ne perd pas ses mots, elle semble même en pleine forme. Alors que dans la réalité, décrite tantôt par Marie, tantôt par Jérôme, au gré de leurs visites, Michka semble plus frêle, plus fragile, moins sûre d'elle. 

Ecrire sur la fin de vie est loin d'être simple, et il est encore plus compliqué de le lire sans imaginer que cela pourrait arriver à un de nos proches. Dans tous les cas, Delphine de Vigan, que j'adore, a su s'emparer de ce sujet avec délicatesse et finesse. 

  • Les gratitudes, Delphine de Vigan, éditions JC Lattès (2019)
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