De quoi ça parle ? Guide adressé aux professionnels des bibliothèques souhaitant travailler auprès de publics empêchés ou curieux d'en savoir plus, dans un univers où liberté et accessibilité sont réduits, voire absents. 

3 raisons de lire ce livre : 

Pour la pluralité des bibliothèques, et le cas particulier des bibliothèques de prison. J'ai choisi ce livre par curiosité et pour enrichir mes connaissances sur le vaste monde des bibliothèques. Je savais qu'elles existaient, mais j'ignorais tout de leur fonctionnement. Je n'ai jamais eu l'occasion de travailler dans ce type d'établissement, et je ne l'aurais peut-être jamais, mais ceux qui se lancent dans ce grand périple ont beaucoup de courage et de force, car il en faut. Et on ne s'improvise pas bibliothécaire de prison en un tour de main. Il est nécessaire de connaître l'organisation du système carcéral, des multiples dangers auxquels le professionnel peut être confronté, et du gros travail de médiation à mettre en oeuvre auprès du personnel pénitentiaire et des détenus. De belles choses ont déjà été menées, mais, dans l'ensemble, je dirais que beaucoup reste à construire. 

Pour s'interroger sur l'importance ou pas de mettre en place une bibliothèque en prison. A la lecture de ce livre, je me posais énormément de questions. Surtout sur le chapitre consacré à la bibliothèque troisième lieu, que je trouve purement utopique de croire possible en prison. Premièrement, les détenus ne sont pas chez eux, et pour la plupart, ne travaillent pas. Or, tout le concept repose sur un premier lieu qui serait la maison, le deuxième lieu le travail. Troisième lieu signifie aussi pour moi avoir des espaces amovibles (les étagères en bibliothèques de prison sont vissées au sol), la convivialité (possible mais l'accès à un espace confortable me gêne un peu)... D'un autre côté, je suis partagée car ces personnes ont commis des crimes pour des raisons qui leur sont propre, ont agi selon un certain contexte, n'ont pas bénéficié de ce rêve appelé "égalité des chances". Et c'est l'occasion pour elles de repartir de zéro, d'apprendre le français, de le lire et de l'écrire, d'échanger sur ses lectures... 

Une autre question me taraudait avant de commencer la lecture : doit-on censurer dans une bibliothèque de prison? Avec tout ce qu'on entend sur la radicalisation et le recrutement qui se font dans ses établissements pour envoyer des hommes faire le djihad, une bibliothèque doit-elle proposer des ouvrages religieux par exemple? Et l'accès à Internet?  

Enfin, une bibliothèque de prison peut permettre à un détenu de s'investir pour la faire vivre, créer du lien social. Il peut devenir auxi bibliothécaire et apprendre le B.A.ba du métier avec n professionnel, et pourquoi pas, en vue de sa réinsertion sociale, s'engager à suivre la formation de l'ABF. Une belle revanche sur la vie pour ceux qui s'accrochent et réussissent à s'en sortir par ce biais. 

Pour un autre regard. J'avais beaucoup d'a priori avant ce livre. Maintenant, je vois les choses différemment. Pour tout vous dire, ça me donnerait presque envie de tenter l'expérience. Car oui, je pense qu'intervenir dans ce lieu cloisonné et dangereux est quelque chose que l'on peut essayer une fois dans sa vie. Mais toujours...non. Il est plutôt conseillé d'avoir un poste à l'extérieur. Sans parler du peu de moyens qu'un bibliothécaire peut avoir : peu ou pas de budget d'acquisitions, des actions culturelles très limitées... 

  • La bibliothèque : une fenêtre en prison, sous la direction de Marianne Terrusse, éditions Association des Bibliothécaires de France (ABF), collection Médiathèmes. 
Retour à l'accueil