Depuis que tu n'es plus là

C'est quoi le pitch? Rachel, jeune maman d'une fille de 6 ans, voit sa vie basculer le jour où sa petite Emma meurt dans un accident de la route. Du jour au lendemain, elle quitte Londres, qui lui est devenue insupportable, laissant derrière elle son mari et ses deux meilleures amies, également mamans de filles de l'âge d'Emma. Rachel trouve refuge à Santorin, en Grèce, mais n'oublie pas pour autant ces deux petites filles, et engage un détective privé qui l'informera de leur quotidien. Une promesse qu'elle avait faite à ses amies : veiller sur leurs familles respectives au cas où il arriverait malheur à l'une d'elles.

Mon avis : Je l'avais lu il y a quelques années, mais sur le moment, la couverture ne me parlait pas, ni le résumé. C'est une histoire touchante, la perte d'un enfant étant la pire des choses qui peut arriver. On lit les premières pages, on se dit qu'on va s'ennuyer, que c'est une banale histoire d'amitié : et la petite Emma meurt. Sa mère aussi. Il ne faut pas être particulièrement déprimé pour lire ce roman, parce qu'il n'apporte pas de solution sur le deuil d'un enfant. On a l'impression que c'est impossible. Rachel va s'interdire de vivre pendant des années, voire le vivre comme une punition de Dieu (elle a trompé son mari, elle a pensé à le quitter, elle n'était pas heureuse avec lui - la mort de sa fille sera l'élément déclencheur qui la conduira à faire ses valises pour de bon, elle-même dit qu'elle est restée avec son mari pour leur fille).

Je n'ai pas vécu personnellement la mort d'un enfant, mais des personnes de mon entourage en sont passées par là. Et je n'ose imaginer ce qu'on peut ressentir : je serais dévastée si je devais le vivre. Au point de me demander si un jour j'aurais des enfants, tellement les risques de le perdre sont nombreux. Et d'entendre qu'en 2015, au XIXème siècle, des bébés meurent toujours, avec toute la technologie que nous avons, je ne comprends pas. Peut-on continuer à vivre après cela, ou bien rentre-t-on dans la survie? Je crois que lorsque l'on perd un enfant, une partie de soi meurt en même temps. Même si on a d'autres enfants, le vide demeure. On ne pourra s'empêcher de se demander à quoi ce bébé aurait ressemblé plus tard, ce qu'il aurait fait de sa vie.

Ce roman n'évoque pas seulement la perte d'un enfant, il y a aussi une belle histoire d'amitié entre ces trois femmes. Rachel aurait pu choisir de disparaître totalement, ne jamais revenir. Je crois que ce qui la maintenu en vie, ce sont les filles de ses amies. Elle en a fait sa mission. Veiller sur elles, de loin. Ses amies ne sauront peut-être jamais qu'elle est intervenue dans leurs vies à plusieurs reprises, car Rachel s'est renfermée, a essayé de se reconstruire ailleurs. Doit-on tout abandonner pour survivre à la perte de son enfant? Chacun le vit différemment. Rachel l'a vécu comme une punition, elle a donc fui.

Je ne sais pas si ce roman est à conseiller à une personne ayant perdu son enfant, puisque l'auteur n'apporte aucune solution, seulement un filet d'espoir qui surgit plus de 10 ans après les faits. Je ne sais pas non plus si les personnes traversant cette épreuve douloureuses cherchent à la comprendre dans des livres.

Quand je ne vais pas bien, et que je prends un livre où je m'identifie un peu trop bien au personnage, qui est tout aussi déprimé, ça m'enfonce un peu plus. Certes, je me dis que je ne suis pas seule, que d'autres vivent les mêmes choses, mais voilà, ça me conforterait presque à rester dans mon état dépressif. Puisque le bonheur est une utopie et la perfection abstraite.

  • Depuis que tu n'es plus là, Louise Candlish, éditions Presses de la cité.
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