Dix-sept ans

C'est quoi le pitch? Colombe Schneck raconte qu'à 17 ans, en 1984, lors de son année de Terminale, elle est tombée enceinte. Trop jeune, alors qu'elle recherchait surtout le plaisir, elle décide de se faire avorter.

3 raisons de lire ce livre.

Court et puissant. A peine 100 pages. Percutant, incisif, ce récit autobiographique vous emportera vers davantage d'interrogations et ne vous laissera pas sans réaction. Colombe Schenck y raconte tout sans fioritures ni trente-six détours. A la fin, vous ne saurez quoi penser d'elle : a-t-elle bien fait puisqu'elle semble le regretter? Elle a eu des enfants après cette IVG, quelques années après, parce qu'elle se sentait prête à devenir mère, ce qui n'était pas le cas à 17 ans. Elle préparait alors son bac, avait envie de s'amuser, de faire des études... N'étant pas passée par là, il m'est difficile de me mettre à sa place, de comprendre pourquoi il lui était crucial de raconter cette période de sa vie, critiquable. On a le sentiment qu'elle veut justifier son acte, qu'elle veut dire au monde pourquoi de nombreuses femmes le font ou sont contraintes de le faire. Les raisons sont multiples, et elle le reconnaît à un moment donné : elle aurait pu s'occuper de cet enfant, avec l'aide de ses parents. Elle reconnaît son insouciance (il lui arrivait d'oublier de prendre sa pilule), sa jeunesse.

Réfléchir sur l'IVG. Aujourd'hui, l'avortement fait toujours débat, mais quand la loi Veil est passée en 1974, ce fut un véritable tollé. Et en tant que femme, je comprends la nécessité de cette loi. Nous fonctionnons différemment des hommes biologiquement, ce qui implique d'assurer une surveillance accrue sur nos cycles menstruels. La pilule, oui c'est bien, mais les oublis, et les accidents, ça arrive. Après, il y a les circonstances : quand la victime a subi un viol, il semble normal pour une grande majorité qu'elle puisse y recourir. Après, il y a toutes celles qui étaient consentantes lors de l'acte, et qui en subissent les conséquences... Sauf qu'elles ont à peine de quoi vivre, se sont séparées du géniteur... Perso, je ne suis pas contre l'avortement pour tous ces motifs. Seulement, y avoir recours laissera une trace indélébile. Je ne pourrais pas le faire (même si j'ai 27 ans, donc je suis dans d'autres prédispositions).

Un roman écho pour toutes celles qui en sont passées par là. Colombe Schneck commence son roman en évoquant L'événement d'Annie Ernaux. Cette dernière avait décidé d'écrire un roman sur l'avortement car elle avait longuement recherché une histoire qui aurait pu faire écho à la sienne et l'aider à traverser cette épreuve. Colombe Schneck a voulu témoigner elle aussi pour dire que de nombreuses femmes le font, mais que ce sujet, tabou, nous contraint à le garder pour soi. Il lui a fallu près de 30 ans pour rendre sa dix-septième année publique. Ce n'est pas quelque chose dont on peut être fier, d'ailleurs, je ne connais personne dans mon entourage qui ait dû y avoir recours. A moins qu'elles le taisent...

  • Dix-sept ans, Colombe Schneck, Editions Grasset.
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