C'est quoi le pitch ? Dans une petite ville du Berry, en 1919, un héros de la guerre, Morlac, est retenu prisonnier et en attente de son jugement. Lantier du Grez a été dépêché sur place pour mettre au clair toute cette histoire et appliquer la sanction qui s'impose, face à ce que Morlac a fait. Et si le chien de Morlac, qui l'attend dehors et aboie depuis des jours, détenait la clé de ce qui s'est passé? 

3 raisons de lire ce livre : 

La guerre 14-18, ou l'absurdité d'une guerre meurtrière. Morlac est revenu de la guerre plus amer, plus sombre qu'il n'était auparavant. Les combats et l'horreur de la guerre laissent des séquelles et appellent au questionnement. Simple fermier, nous découvrons un personnage plus complexe qu'il n'y paraît, et qui s'est interrogé sur le pourquoi de ce conflit. Alors il a essayé de trouver des réponses dans les livres appartenant à la femme qu'il aime, une femme qui le blessera et l'amènerra à agir de façon très inconvenante lors du défilé du 14 juillet. Une mauvaise conduite qui le pousse à la case prison. 

En temps de guerre, où sont l'humanité et la loyauté? C'est le cœur du débat qui agite ce livre. Morlac s'est posé ces questions, suite à ce qu'a fait son chien. Qu'est-ce qui nous différencie des bêtes? L'humanité. Un chien est loyal à son maître jusqu'au bout : les ennemis restent des ennemis, alors s'ils viennent jusqu'à son maître, il le défendra sans attendre d'ordre. Et les hommes? Pourquoi se livrer à la guerre? Simplement parce qu'on nous a ordonné de s'y rendre? Il est aussi fait mention de ceux qui ont déserté et qui, à l'époque, étaient cruellement jugés pour cela, ne participant pas à l'effort de guerre demandé. Il ne s'agit pas de lâcheté à mon sens. Il y a bien d'autres moyens de faire passer ses convictions, que de déclencher des guerres à tout va. Et cette Légion d'Honneur dont on a affublé Morlac, que signifie-t-elle pour lui? Lui revient-elle ou bien aurait-on du la remettre à un soldat plus méritant, son chien? D'où ce titre, le collier rouge, récompense héroïque que Morlac, ici, refuse et conteste. 

Verdict : Un roman historique trop court pour un fait réel qui mérite d'être mis en lumière? Jean-Christophe Rufin s'est inspiré d'une petite anecdote que lui a confié un ami photographe qui n'aura malheureusement pas pu lire ce livre, décédé quelques mois avant la parution. Cet ami, Benoît Gysembergh, lui avait raconté que son grand-père avait provoqué un esclandre sous le coup de la boisson, peu après la fin de la guerre, ce qui lui avait causé quelques soucis. 

La sortie du film le mois dernier m'a incitée à lire du Jean-Christophe Rufin pour la première fois. Pourquoi n'en avais-je pas lu avant? Je n'avais aucun a priori, au contraire, je n'en entendais que du bien. En tout cas, voilà chose faite et je n'ai pas du tout été déçue par cette lecture. L'intrigue est très bien montée, de façon à ce qu'on ne relâche pas le fil, car il n'est révélé que vers la fin du livre pourquoi Morlac est emprisonné. De plus, ce roman soulève vraiment des questions sur le déclenchement d'une guerre et sa raison d'être. Des questions que nous nous sommes posés, en réalité, au sortir de la seconde Guerre Mondiale, tellement la cruauté des hommes avait atteint un tel paroxysme...  

  • Le collier rouge, Jean-Christophe Rufin, éditions Gallimard (2014)
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