De quoi ça parle? Passez une année en compagnie d'une prof d'anglais qui vous fait découvrir l'envers du décor de son métier. Une profession que nous critiquons beaucoup sans en connaître vraiment toutes les difficultés du quotidien. 

Mon avis : 

Ne pensez pas que je songe à me reconvertir  et me diriger vers un boulot dans l'Education Nationale, non, loin de là. En vérité, il s'agit du cadeau que j'ai offert à ma sœur, prof de français dans un collège depuis 3 ans maintenant. Mon but n'étant pas de lui saper le moral en lui glissant cet ouvrage au pied du sapin, j'ai pensé qu'il serait plus sage d'en analyser le contenu avant et d'en juger. 

Et je me suis régalée ! C'est exactement le ton ironique, voire sarcastique, que je recherchais à lui faire passer. Elle ne pourra que passer un bon moment et rire des pitreries et absurdités des élèves et des parents d'élèves, puisqu'elle en a aussi un sacré lot à charge. A plusieurs reprises, j'ai retrouvé des moments qu'elle a pu vivre. 

Parfois, notre auteure, qui se cache sous un pseudo pour conserver l'anonymat, se montre très cruelle et sans pitié, à deux doigts de commettre un meurtre tellement ses élèves usent de sa patience, mais même si je ne suis pas enseignante, je la comprends pour avoir géré des groupes d'enfants certes plus jeunes, mais dont il faut sans cesse prendre en main les petits conflits, avant qu'ils ne se transforment en affaires d'état. Au final, elles se retrouve davantage à faire du social qu'à leur apprendre l'anglais. 

Elle égratigne du monde dans ce témoignage sans filtre : les élèves (qui portent des prénoms expressément tournés en dérision, comme Matténzo, Dorabella, Krystalle ou Shanelle), les parents (dont certains sont de vrais cas sociaux, entre la mère qui a 8 enfants, et ne sait s'en occuper, et celle qui laisse sa fille de 11 ans boire du café et du coca !), ses collègues, ses anciens profs, le rectorat et ses formations aux titres pompeux. 

En moyenne, un prof de collège donne à peine 20 heures de cours, et est payé entre 1700 et 2000€, les premières années de sa carrière, pour ce que j'en sais (avec des heures sup' bien payées et des primes de prof principal). Pourtant, ils râlent souvent et se retrouvent à manifester au moins une fois dans l'année. Un boulot qualifié de "planqué" et gratifié de 4 mois de vacances par an. 

Comme n'importe quel boulot, il faut compter le temps de préparation des cours, les photocopies à faire, les copies à corriger, les conseils de classe... Et ça n'est pas de tout repos. 

En tant que médiathécaire, on pense que je passe mon temps à lire et que je ne suis là qu'aux horaires d'ouverture de la structure ! Oui, c'est peut-être la bonne fée qui achète et range les livres dans les rayons, qui prépare les animations et toute la communication... 

Être prof est d'autant plus compliqué maintenant car les élèves d'aujourd'hui ne sont plus du tout les mêmes qu'hier, que le prof n'a plus la même emprise ou autorité. C'est un peu le règne de l'enfant-roi à qui on ne peut plus rien dire, sans que cela soit détourné  et mal interprété. Une triste réalité qu'il est de bon ton de mettre en lumière. 

Pas encore désabusée, car il reste quelques parenthèses enchantées, cette prof, qui manie l'humour corrosif comme personne, nous faire à la fois rire et alerte sur ses difficultés à exercer son métier. Mes passages préférés? les commentaires des profs sur le bulletin de chaque élève (où l'auteure s'en donne à cœur joie, avec d'une part le commentaire officiel, et dessous, l'officieux, ce que signifie exactement ce qu'elle a voulu dire par là), la rencontre parents-profs (un moment culte) et l'exemple d'un cours où le prof est au bout de sa vie (le cours où les élèves doivent coller deux feuilles, ou le cours en salle informatique). 

Peut-être que vous saturerez des mots rouges raturés et de ses longues digressions, mais c'est ce que j'ai adoré dans ce livre. Un film est d'ailleurs sorti l'été dernier, "L'école est finie", avec Bérengère Krief, s'inspirant de ses chroniques. 

  • Les nouvelles chroniques d'une prof qui en saigne, Princesse Soso, éditions Michel Lafon (2018)
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