C'est quoi le pitch? Kya n'a que six ans lorsque sa famille l'abandonne dans cette cabane dans les marais. Livrée à elle-même, surnommée par les habitants du village "la fille des marais", on la dit sauvage. Pourtant, le jour où elle sympathise avec Tate, légèrement plus âgé qu'elle, elle montre un désir d'apprendre et de s'ouvrir à un monde qui l'a jusque-là rejeté. Mais Tate finit par partir aussi, et elle s'amourache de la mauvaise personne, qui la conduira à l'irréparable... 

Mon avis :

Je n'avais entendu que du bien de ce roman à sa sortie, et même après, par tous ceux qui ont pu le lire. Pourtant, j'ai été déçue en commençant ma lecture. L'univers peu alléchant du marais, l'histoire de cette petite fille qui se retrouve seule du jour au lendemain et qui doit se débrouiller pour survivre, ne m'a pas d'emblée embarquée. J'ai poursuivi tout de même, car je ne me laisse pas abattre par une lecture qui peut sembler déroutante, et cela a payé. 

C'est un sublime roman, une ode à la nature, plus particulièrement inhospitalière, sauvage, que Delia Owens rend belle, apaisante. Kya fait corps avec le marais, elle le connaît et le comprend mieux que personne, et s'engage à le préserver. Elle s'est blottie dans son environnement quand elle n'avait plus personne sur qui compter, et c'est ce qui lui a permis d'avancer, de tromper cette solitude de plus en plus pesante. Car Kya reste un être humain qui a besoin d'un minimum d'interaction sociale. Quand elle est vue et reconnue par Tate, elle se sent grandie, enfin quelqu'un la remarque, s'intéresse à elle, lui tend la main. 

Au-delà des descriptions zoologiques, Delia Owens nous raconte deux histoires qui n'en forment qu'une au final : nous voyageons dans l'enfance de Kya dans les années 50, puis nous passons en 1969 où un meurtre a eu lieu. Quand tout se recoupe, le roman prend une autre tournure, une nouvelle dimension. Pour comprendre ce qui s'est passé en 1969, il était essentiel de remonter dans le temps et de saisir la vie de recluse menée par Kya. 

Un hymne à la nature, oui, une poésie, une envolée vers une contrée hostile mais préservée dans son écrin... et surtout un magnifique roman où se déploie tout le talent d'une autrice prometteuse, qui je l'espère nous régalera encore en nous transcrivant tout son amour pour la nature bienveillante qui nous entoure. 

  • Là où chantent les écrevisses, Delia Owens, éditions du Seuil (2020)
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