C'est quoi le pitch? Alors qu'un médecin qui a perdu le goût de vivre s'apprête à mettre fin à ses jours, une vieille dame à bord d'un taxi l'attend au pied de chez lui, et lui propose d'attendre sept jours avant de passer à l'acte afin de mûrir sa réflexion. 

Mon avis : 

Médecin de formation, voilà quelques années que Baptiste Beaulieu s'est lancé dans l'écriture, avec succès! Il me tardait de le lire, voilà chose faite. 

Premier point non négligeable et fort original : le livre est paginé tel un compte à rebours, jusqu'à la mort programmée du médecin dont l'histoire est racontée. Moi qui regarde toujours la pagination dans le but de me pousser à lire toujours plus et plus vite, voilà qui m'arrangeait moyennement ! En fait, je m'en suis très bien accommodée et j'ai même adoré ce procédé, accélérant encore ma vitesse de lecture ! Tout en gardant ce plaisir incommensurable de lire, je préfère préciser que je ne me mets nullement de pression. 

La couverture, sur fond mauve, présente un pistolet et un index recouvert d'un pansement, les deux étant reliés par un bandage qui se dénoue. Une illustration bien pensée, une fois qu'on connaît le contenu de ce roman.

La rencontre entre nos deux protagonistes paraît surréaliste, improbable, et se révèle peu à peu touchante et magique. Leurs échanges uniques et décalés, non dénués d'humour, transforment cette histoire aux abords tragiques en un conte bouleversant. Cette vieille femme, Sarah, veut confronter le médecin à sa propre mort et ce qui en découlera. Ça peut paraître violent (elle l'emmène choisir son cercueil, l'invite à donner tous ses biens...) mais si la méthode était efficace et le faisait réfléchir quant à sa décision?

Le médecin n'est plus que l'ombre de lui-même et ne sait plus comment soigner, depuis qu'il a perdu sa femme, six mois auparavant. Il n'a plus rien vers quoi se rattacher, ne prend plus aucun plaisir à savourer les petites choses de la vie : un coucher de soleil, manger, boire... La vieille femme se donne la semaine pour provoquer un électrochoc en lui, lui montrer une autre voie possible. Quand tout est détruit, peut-être faut-il reconstruire, ailleurs, loin de tout ce qui a été? Faire le deuil pour aller de l'avant, continuer à  vivre, peut être insurmontable. Le médecin ne voit pas d'issue possible et choisit de mettre fin à ses jours pour retrouver au plus vite la femme qu'il aime et qui est partie trop tôt. Ne ferions-nous pas de même? Ce roman me pose la question. Très peu de personnes nous tendent la main quand on perd un être cher. Parce qu'on ne sait pas quoi dire, quoi faire pour venir en aide à la personne en détresse. Lorsque j'avais 10 ans, j'ai perdu brutalement mon parrain, et il m'a bien fallu près de 15 ans pour tourner la page, sans oublier pour autant qui il était. Mais durant tout ce temps, je me refusais de vivre, et je ressassais mon pessimisme. La tristesse qui s'empare de vous à ce moment-là est tellement immense et insondable que vous avez l'impression que vous porterez ce fardeau toute votre vie. Il ne dépend que de vous de choisir l'orientation à donner à votre vie. La reconstruction peut être longue, mais elle est possible. 

  • Alors vous ne serez plus jamais triste, Baptiste Beaulieu, éditions Fayard (2015)
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